pollution

 On a appris hier que des prélèvements d'eau réalisés dans le cadre du contrôle sanitaire assuré par l'Agence régionale de santé (ARS) en sortie de la station de traitement du Syndicat mixte de production d'eau d'Auvillar-Dunes-Donzac-Lavit, à Candes sur la commune de Saint-Michel, avaient révélé la présence de perchlorates d'ammonium à un taux de 5,2 µg/l, alors que la direction générale de la santé recommande de ne pas dépasser 4 µg/l.

Par mesure de précaution, le Syndicat mixte a donc demandé aux élus des 25 communes concernées (les cantons d'Auvillar et de Lavit-de-Lomagne, plus la commune de Saint-Nicolas-de-la-Grave) de recommander à leurs populations respectives de ne pas utiliser l'eau du robinet pour préparer les biberons des enfants de moins de 6 ans. L'eau du robinet pourrait, par contre, être bue sans risque par les autres consommateurs. Alors que la station de Candes pompe son eau dans la Garonne avant traitement, les responsables du Syndicat mixte ont très vite remonté à l'origine de cette pollution, «qui n'incombe pas à notre station de traitement», assurait dès hier le président de ce Syndicat, Christian Astruc. En effet, dès la fin d'années 2010 l'ARS a été saisie sur la présence de rejets industriels de perchlorate dans la Garonne qui proviendraient du site de l'usine de la société SME-groupe SAFRAN (ex SNPE, société des poudres et explosifs) à Toulouse.

LE SYNDICAT MIXTE VA DÉPOSER PLAINTE CONTRE LE POLLUEUR

Dès hier, Christian Astruc nous a fait part de sa volonté de porter plainte contre cette société. «Nous sommes placés devant le fait accompli des rejets nocifs de cette entreprise, s'insurge le conseiller général du canton d'Auvillar. Sachant que notre eau est pompée stricto sensu dans la Garonne, nous n'avons pas de moyens pour éviter cette pollution, d'autant qu'il n'y a aucun moyen de traiter le perchlorate d'ammonium !»

Le Syndicat mixte aimerait entamer une réflexion pour puiser également de l'eau dans l'Arrats, mais en attendant un éventuel projet de ce type, les élus se sentent placés devant le fait accompli d'une pollution qui leur échappe totalement. «Combien de temps va-t-elle durer ?, s'interroge ainsi Christian Astruc, d'autant qu'on entre dans une période de sécheresse sans doute plus favorable à la présence de perchlorates d'ammonium. C'est un véritable préjudice pour nous. Je déposerai donc plainte comme je l'avais fait en son temps à l'époque d'AZF». Affaire à suivre.


LES RISQUES LIÉS AU PERCHLORATE D'AMMONIUM

Des études expérimentales suggèrent que les perchlorates pourraient perturber le fonctionnement de la thyroïde (déficit en hormones thyroïdiennes). Chez l'enfant de moins de 6 mois, un déficit d'hormones thyroïdiennes pourrait altérer le développement neurocomportemental. Néanmoins, aucune étude épidémiologique n'apporte de preuves concernant cet effet. Il convient également de souligner qu'ils ne s'accumulent pas dans l'organisme et que leurs effets sur la thyroïde sont réversibles. De plus, l'évaluation des risques sanitaires réalisées par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), dans son avis du 18 juillet 2011, indique que les perchlorates ne sont ni cancérigènes, ni mutagènes.

Le perchlorate d'ammonium est un produit industriel, que l'on retrouve en particulier dans les domaines militaires et de l'aérospatiale. Il est notamment utilisé :

comme oxydant pour les propulseurs de fusées ; pour la fabrication des dispositifs pyrotechniques, des fusées éclairantes et des explosifs pour des applications civiles ou militaires ; en petite quantité, dans la poudre de certaines armes à feu ; dans les systèmes de déclenchement des «airbags».

      Baptiste Gay

 

source: LA DEPECHE 

Les nourrissons priés d'éviter l'eau puisée dans la Garonne

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