Nouveau Parti Anticapitaliste dans le dossier des gaz de schiste
La seule énergie «décarbonnée» est celle qui n’est pas consommée. Ce sont l’efficacité et les énergies renouvelables qui permettront incontestablement de réduire les émissions de gaz à effet de serre et justement de sortir rapidement du nucléaire.
L’urgence climatique ne sera donc une fois de plus que le prétexte à la promotion de la mortifère et inutile industrie du nucléaire.
Rêvons du jour où nos dirigeants participeront à des sommets internationaux pour représenter les peuples et non certains intérêts capitalistes, du jour où ils décideront enfin de sortir le plus vite possible du nucléaire mais également du culte de la vitesse ou de la fuite en avant que constituent par exemple les gaz et huiles de schiste, ou encore les sables bitumineux.
Rêvons de représentants des peuples qui auraient comme priorité l’écologie et le social, un accès garanti de tous à l’eau et l’énergie, une taxation très progressive pour renchérir le «mésusage» d’un petit nombre, une politique de transport à la fois responsable et juste, socialement et territorialement, ou encore la réduction des transports de marchandises à travers des relocalisations.
Rêvons de représentants des peuples qui interdiraient la sous-traitance massive à des travailleurs précaires et défendraient les services publics de l’énergie, contrôlés par les salariés et la population, seuls garants de la sureté des travailleurs et des installations, donc de tous les citoyens.
Rêvons de représentants des peuples qui nous avoueraient que le nucléaire ne représentant que 2, 3 % de l’énergie consommée dans le monde, il est possible d’en sortir ne serait-ce qu’en arrêtant les productions inutiles et en misant sur la durabilité et la réparabilité des produits plutôt que sur leur obsolescence programmée.
Gaz de schiste & co.
En France, on n’a pas de petrole, mais on a… des gaz de schiste. Nouvelle ruée vers l’or, pour une source d’énergie non renouvelable et très polluante, les permis d’exploration se multiplient, quitte à bousculer quelques règlements et passer outre l’avis des populations et des élus locaux. Face à la disparition progressive des énergies fossiles, ces nouvelles recherches, puis l’exploitation des gaz de schiste, ne sont motivées que par les appétits démesurés et incontrôlés des dirigeants et des actionnaires des multinationales de l’énergie.
Depuis plusieurs années le gouvernement déploie une politique offensive commerciale et stratégique sur l’énergie électronucléaire qui s’avère ruineuse pour la recherche comme pour le budget.
Les énergies renouvelables peinent à émerger. Les filières comme l’éolien, le solaire et le biogaz sont victimes d’une législation très restrictive, d’un manque de clarté et de continuité dans l’orientation stratégique. Une des premières décisions du nouveau gouvernement a été d’imposer un moratoire du tarif subventionné pour le solaire, brisant net l’élan d’une des seules filières en développement et créatrice d’emplois dans le domaine de l’énergie.
En parallèle, une stratégie de relance de l’industrie des hydrocarbures était établie de longue date, notamment par l’accord pour des permis d’exploration pour des gaz de schiste sur pratiquement 50 000 km2, soit un peu moins d’un dixième du territoire métropolitain.
Voilà la stratégie de l’État : limiter au maximum l’expansion rapide les nouvelles filières de l’énergie, non maîtrisées par notre lobby industriel national aux méthodes colbertistes d’ingénieurs centraliens. Puis ouvrir grand les portes au nouveau (et dernier ?) rebond des énergies pétrolières et gazières, porté par nos fameux « fleurons industriels » que sont Total et GDF-Suez.
L’exploitation des gaz de schiste impose une destruction massive des pratiques sociales et agricoles de la région qu’elle concerne. Ce changement d’objectif de production engendre des modifications importantes dans le mode de vie et l’activité locale. Toute la région concernée est vouée à une tâche : fournir des gaz de schiste.
La casse du tissu local est à peine prise en compte dans les projets d’exploitation de gaz, il existe un réel mépris pour les paysans, les artisans et plus généralement tous ceux qui vivent dans et de la région. Seuls les pôles urbains comptent comme espaces de vie. Les terres sont confisquées, comme au bon temps de la royauté, pour l’appétit des princes et d’une certaine caste de capitalistes. L’agriculture et la production artisanale, les services et même le tourisme seront en grande partie détruits par cette activité énergivore : c’est une région rendue méconnaissable. La destruction répétée de la biodiversité sauvage et domestique, l’endommagement irréversible des écosystèmes et agrosystèmes locaux et spécifiques ne seront jamais compensés par l’exploitation des gaz de schiste !
De plus, l’extraction de gaz génère peu d’emplois locaux (spécialisation des cadres et pour le reste recherche de main-d’œuvre sous payée, au meilleur marché) et apporte très peu de recettes pour l’État et pour la région.
L’avenir nous commande, non pas de détruire (ou pomper) le potentiel de la nature et de ses ressources, mais d’inscrire nos activités dans les paysages en accord avec les possibilités naturelles de chaque région. Le tissu socio- économique est plus riche sans gaz de schiste qu’avec. Enfin, ces décisions gouvernementales, loin des besoins sociaux locaux, montrent combien il est nécessaire de se tourner vers la sobriété énergétique et le développement.
Exploitation des sables canadiens et des gaz étasuniens : un bilan accablant.
L’Amérique du Nord a un train d’avance dans la folie extractive. Depuis de nombreuses années, le Canada a engagé l’exploitation des sables bitumineux (tar sands) en Alberta, et les États-Unis se sont lancés dans l’exploitation des gaz de schiste (gas shale). La situation écologique et sociale qui en découle est sans appel.
Cette pollution concerne aussi les aquifères. La toxicité est telle qu’un oiseau se posant sur ces bassins risque d’en mourir. Le taux de cancers, de maladies cardiovasculaires et respiratoires dans les populations environnantes est en forte croissance. Sans compter que l’exploitation des sables est réalisée par le biais de l’importation massive de main-d’œuvre mexicaine, philippine et chinoise, employée sous un statut très précaire de « travailleur étranger temporaire » dont les conditions de travail, difficiles à étudier, ont tout l’air d’être catastrophiques. L’extraction des sables nécessite un déplacement de matière et l’utilisation de ressources proprement délirants : deux tonnes de sable ne génèrent qu’un seul baril de brut après avoir utilisé au moins trois barils d’eau.
Enfin, l’extraction des sables engloutit l’équivalent de la consommation en gaz naturel de 3 millions de ménages canadiens et engendre l’émission de trois fois plus de gaz à effet de serre que celle de pétrole conventionnel. Et au final, tout cela pour produire une énergie fossile dont la combustion va encore accroître ces émissions.
Plus au sud, la folie extractive n’est pas en reste. L’exploitation de gaz de schiste aux États-Unis a littéralement explosé depuis dix ans provoquant là encore des dégâts écologiques et sociaux considérables. Et tout cela encore une fois pour produire de l’énergie sale, génératrice de gaz à effet de serre.
Que la triste expérience d’outre-Atlantique vienne donc renforcer notre détermination !
C’est possible en mêlant les économies d’énergie et le recours massif à toute la gamme des énergies renouvelables, on peut faire beaucoup mieux qu’avec le nucléaire et dans des délais rapides. Tout cela est détaillé dans le scénario que nous proposons. Si obstacle il y a, il n’est pas technologique
Notre ennemi, c’est aussi lelobby industriel nucléaire français et c’est pourquoi nous proposons son expropriation sans indemnité ni rachat, la création d’un grand service public de l’énergie géré directement par les travailleurs. Si les élections de 2012 ne changeront pas la donne en soi, voter et faire voter pour le seul candidat porteur d’un programme clairement anticapitaliste, écologiste et pour la sortie du nucléaire.
Le NPA82 est présent a chaque action depuis la création du collectif