Madame, Monsieur,

 

Votre courrier relatif à la proposition de loi visant à interdire

l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures de schiste m’est bien

parvenu et a retenu toute mon attention. Je vous en remercie.

 

Comme vous, je suis révolté et m’oppose fermement à la proposition de loi

transmise par l’Assemblée nationale qui, vous le soulignez, permettrait

aux compagnies pétrolières titulaires d'un permis exclusif de recherches

du gaz de schiste de garder ce permis en déclarant, dans les deux mois qui

suivent l'application de la loi, de ne procéder à des forages avec

fracturation hydraulique « qu'à des fins scientifiques ». Je crains

évidemment les suites dramatiques que cela entraînerait : les plus beaux

paysages de France défigurés par des plateformes de forage de compagnies

pétrolières, sans parler des importants risques sanitaires et

environnementaux…

 

Dès le début, la mobilisation de nos concitoyens était forte pour

contrecarrer au plus vite une telle proposition de loi. En effet, élus

locaux et citoyens ont découvert, il y a à peine quelques mois de cela,

que le Gouvernement avait octroyé des permis exclusifs de recherches de

gaz de schiste sur leurs territoires. Aucune concertation en amont n’avait

été menée, les permis ayant été octroyés en catimini ! Pourtant, le retour

d’expérience des pays qui exploitent ces gaz et huiles était

particulièrement négatif, faisant état de multiples pollutions et risques

sanitaires.

 

Les élus, les citoyens et les populations des territoires concernés se

sont donc fortement mobilisés, multipliant les manifestations pour refuser

l’exploration et l’exploitation de ces nouveaux gisements. Et même si le

Gouvernement donne l’impression de revenir sur ces autorisations, les

pressions sont fortes, les intérêts en jeu colossaux et, avec mes

collègues, je n’ai aucune confiance quant à la suite de ce dossier.

 

Face à cette situation, je ne peux que citer John Maynard KEYNES (Ouvrage

La pauvreté dans l’abondance) : « La même règle autodestructrice du calcul

financier régit tous les aspects de l'existence. Nous détruisons la beauté

des campagnes parce que les splendeurs de la nature, n'étant la propriété

de personne, n'ont aucune valeur économique. Nous serions capables

d'éteindre le soleil et les étoiles parce qu'ils ne rapportent aucun

dividende ».

 

C’est pourquoi, avec mes collègues, nous avons déposé une contre

proposition de loi visant à interdire purement et simplement l’exploration

et l’exploitation de gaz et huiles de schiste en France. C’est la

proposition qu’a présentée ma collègue Nicole BRICQ lors du débat en

séance publique, le 1er juin dernier.

 

D’ailleurs, au cours de celui-ci, il s’est avéré que même les sénateurs de

la majorité n’étaient pas convaincus par la proposition de loi soutenue

par le gouvernement : leur faible présence dans l’hémicycle ce jour-là en

a été la preuve, aboutissant à une caricature de débat si bien que

celui-ci a dû être interrompu.

 

Une telle situation, exceptionnelle au Sénat, illustre bien l’absence de

conviction de la majorité quant au bien fondé de ce texte.

 

Pour ma part, je continuerai à m’opposer à l’exploration et l’exploitation

des hydrocarbures de schiste et vous demande de redoubler de vigilance

dans les territoires et à poursuivre la mobilisation. Le combat contre les

hydrocarbures de schiste continue !

 

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur, en l’expression de mes

sentiments les meilleurs.

 

Robert Navarro

Sénateur de l’Hérault

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