Par Aissa Hirèche - Lundi 02 Mars 2015
Que cesse donc la violence!

Nous sommes en 2015 et nous regardons ce qui se passe partout dans le monde en temps réel. Vouloir maintenir les rapports archaïques entre gouvernants et gouvernés est une erreur.

Il se sont opposés au gaz de schiste ils ont eu le gaz lacrymogène! Devons-nous tout régler par la violence? Il est temps de se le demander car si, d'une part, les problèmes ne font qu'augmenter et que, d'autre part, ils ne sont pas résolus, il est à craindre une généralisation de la méthode qui consiste à tout vouloir résoudre par la puissance, c'est-à-dire par la violence.

Jusque-là, les habitants de In Salah ont exprimé leur désapprobation de l'exploitation du gaz de schiste. Ils ne sont pas les seuls à le faire dans le monde mais ils ont été, à partir d'hier, les seuls à être brutalisés pour avoir voulu sauvegarder leur environnement et celui de leurs descendants. Cette manière de procéder est dépassée. Nous ne sommes plus aux années quarante pour vouloir résoudre les problèmes par la force. Quel que soit le problème, il y a toujours une issue pacifique et il y a toujours moyen de le résoudre sans faire appel ni à la force ni à la violence car cette manière d'opérer appelle toujours une radicalisation.

Les affrontements à In Salah/Ph: Facebook/Mohammed Djemaoui

Les affrontements à In Salah/Ph: Facebook/Mohammed Djemaoui

Par ailleurs, il n'y a plus que chez nous que l'Etat s'en prend violemment à ses citoyens. N'a-t-on pas compris que cela fait partie du comportement archaïque des années de l'ignorance? Cela correspond à la période où les parents éduquaient leurs enfants en les frappant car ils croyaient que c'était le seul moyen d'y parvenir. Dans les temps reculés de l'Histoire, les Etats reproduisaient ce schéma familial parce qu'ils étaient convaincus que seule la violence aidait à convaincre. De nos jours, on regarde cela avec mépris, avec dégoût même.

Les parents qui battent leurs enfants sont considérés comme des êtres anormaux. Il en est de même pour les Etats qui s'en prennent à leurs citoyens, on les regarde avec un peu d'étonnement et beaucoup de dégoût. On se dit que ceux qui donnent ces ordres n'ont pas leur place là où ils sont. On se dit aussi, dans cette histoire, qu'il y a un écart entre gouvernants et gouvernés et que cet écart se situe sur plus d'un plan. Mais il y a surtout celui de la maturité qui est le plus frappant. Lorsque les citoyens, depuis des mois, manifestent paisiblement sans violence, sans céder même aux pressions d'escalade que nous connaissons tous et que, en retour, ils reçoivent du gaz lacrymogène et du bâton, il y a un grand écart en maturité et il n'est pas en faveur du pouvoir en place. Est-ce une affaire d'hommes? Est-ce une affaire de système? Est-ce une affaire d'argent? Il est à craindre qu'il s'agisse de tout cela à la fois.

Émeutes à In Salah ce samedi 28 février. Crédit Photo : “In Salah Sun & Power” - See more at: http://www.algerie-focus.com/blog/2015/02/les-emeutes-setendent-sur-toute-la-ville-din-salah/#sthash.JgnKuWui.dpuf

Émeutes à In Salah ce samedi 28 février. Crédit Photo : “In Salah Sun & Power” - See more at: http://www.algerie-focus.com/blog/2015/02/les-emeutes-setendent-sur-toute-la-ville-din-salah/#sthash.JgnKuWui.dpuf

Au moment où, partout sur cette terre, on se tourne vers les citoyens pour leur donner plus de considération et de respect, chez nous, on fait le contraire. Pourquoi? Faudrait-il qu'ils paient pour ne pas avoir été assez violents dans leurs manifestations? Faudrait-il qu'ils paient pour ne pas avoir applaudi une décision erronée d'exploiter le gaz de schiste coûte que coûte? Faut-il qu'ils paient de ne pas s'être laissé aller dans des combines qui ne servent pas le pays? Nous sommes en 2015 et nous regardons ce qui se passe partout dans le monde en temps réel. Vouloir maintenir les rapports archaïques entre gouvernants et gouvernés est une erreur. C'est une grossière erreur. Cela ne peut ni durer ni servir le pays ni même ceux qui le gouvernent. Il est temps que l'on apprenne chez nous à écouter l'autre, à discuter sans gourdin et à reconnaitre ses erreurs sans recourir au gaz lacrymogène car, dans cette histoire de gaz de schiste, il y a effectivement erreur et elle n'est pas là où l'on veut tant nous le faire croire.

Que cesse donc la violence!

Photo : ALGERIE-FOCUS.com

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