Le gouvernement allemand a annoncé jeudi 5 juin travailler sur un projet de loi visant à encadrer la fracturation hydraulique. Même si ce projet semble augurer la mise en exploitation des gaz de schiste en Allemagne, certains ministres infirment. Qu’en est-il vraiment de cette évolution ?

Crédits photo : Ruhrfisch

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D’après Barbara Hendricks, ministre de l’Environnement, cette loi ne devrait concerner que les forages profonds qui visent l’extraction du gaz issu de réservoirs étanches. La ministre a d’ailleurs affirmé dans le Ruhr Nachrichten : « Je pense non seulement que la fracturation est une mauvaise solution mais que c’est aussi une solution surfaite à la question énergétique. L’eau potable et la santé, voilà la priorité absolue. Aux termes de ce qui été décidé dans l’accord de coalition (gouvernementale), la fracturation au moyen de substances toxiques, en particulier pour le gaz de schiste, sera interdite ».

Cependant, malgré ces déclarations qui se veulent rassurantes, le doute persiste. La faute à une lettre de Sigmar Gabriel, ministre de l’Économie et actuel numéro 2 du gouvernement, adressée à la commission des finances du Bundestag. Un document qui mentionne l’existence d’un projet de loi qui aboutirait à la mise en exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique, et que l’ancien premier secrétaire du SPD espère voir adopté dès 2015.

On apprend dans cette lettre qu’une portion de 14% du territoire, composée de zones humides protégées, ne sera toutefois pas concernée par ces nouvelles mesures. Une concession du gouvernement qui sait l’opinion publique allemande méfiante vis-à-vis des risques environnementaux liés à la fracturation hydraulique. L’objectif in fine du gouvernement Outre-Rhin reste cependant de trouver un consensus légal pour rendre l’exploitation des gaz de schiste moins risquée et acceptable aux yeux des citoyens. A ce titre, Berlin s’appuie sur les questions d’indépendance énergétique et de stabilité des prix du gaz pour commencer l’exploitation des ces hydrocarbures au plus tôt.

Cette situation est due à plusieurs facteurs. Tout d’abord, les énergies vertes sont encore trop chères à la lumière de leur efficacité sur le court et le moyen terme. Ensuite, la crise ukrainienne a mis en relief la dépendance exacerbée de l’Allemagne vis-à-vis de la Russie, à l’heure où 40% des importations de gaz viennent de ce pays. Enfin, la sortie du nucléaire pousse le gouvernement à trouver une alternative rapidement.

De nombreux journaux comme Le Figaro, en s’appuyant sur les chiffres du département américain de l’énergie, mettent cependant en doute les allégations de Sigmar Gabriel. Ces chiffres soulignent ainsi que l’exploitation du gaz de schiste outre-Rhin ne permettra de réduire que faiblement la dépendance germanique. À titre de comparaison, le potentiel estimé en France est 8 fois supérieur à celui de son voisin. Ce constat nous renvoie d’ailleurs à notre propre pays où la fracturation hydraulique est interdite depuis 2011. Aymeric de Villaret peut dès lors poser la question dans les Echos : « et si l’on suivait les allemands ? ».

Thomas Perard pour L'Energie D'avancer

L’Allemagne pose ses conditions pour exploiter le gaz de schiste
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